L’objectif de notre projet Aventure Équitable, c’est avant tout de découvrir les organismes travaillant dans les champs de l’Économie Sociale & Solidaire. En parallèle de notre travail avec l’association Nuestras Huellas, nous avons aussi souhaité explorer l’écosystème de l’ESS en Argentine sous l’angle d’un autre groupe d’acteurs : les entreprises.
Pour naviguer dans l’océan des entreprises à impact social et environnemental, nous avons choisi de nous appuyer sur un réseau assez représentatif de cette démarche : celui des entreprises labellisées B Corporation (c'est-à-dire celles qui ont obtenu la « certification B »).
Le réseau des B Corporations est assez emblématique des programmes et institutions permettant de distinguer les entreprises engagées et de fournir des méthodes d’évaluation de leur impact positif.
Mais qu’est-ce que c’est donc que la Certification B ?
Aussi appelé “Sistema B” en Amérique Latine, ce statut reconnaît les entreprises (donc des organismes à but lucratif) ayant un impact social et environnemental positif à travers leurs produits et/ou services vendus. Il s’agit là d’un statut à échelle mondiale qui vise à “redéfinir le sentiment de réussite des entreprises dans l’économie”.
Le réseau B Corporation a d’abord vu le jour aux Etats-Unis et au Canada en 2006 sous le nom de “BLab”, avant de s’installer plus au sud, en Amérique Latine. Aujourd’hui, on compte plus de 2 000 entreprises certifiées B à travers le monde, de différentes tailles et œuvrant dans divers secteurs. En France, le mouvement a été lancé en 2015 par Utopies (cabinet de conseil en développement durable), première entreprise française certifiée.
Toutes ces entreprises partagent des valeurs communes : confiance, diversité, innovation, participation, interdépendance... Elles essayent désormais de diffuser ces valeurs et cette nouvelle économie à travers des interventions dans des universités, ou dans des festivals de musique par exemple.
Vous connaissez déjà sûrement des entreprises certifiées B. C’est le cas par exemple de Patagonia. La célèbre marque de vêtements et équipements de sport agit sur ses process de production dans un souci de préservation de l’environnement, et s’assure que ses fournisseurs respectent les règles du commerce “fair” (équitable, juste). Pour la France, on peut citer Phénix (gestion des déchets), Ulule (plateforme de crowdfunding) ou encore Nature et Découverte (produits de décoration, bien-être, voyages, etc).
En route vers la certification B : l’évaluation d’impact
L’intérêt de la certification B est qu’elle implique une évaluation de l’entreprise au-delà des produits ou services qu’elle vend. L’évaluation d’impact B mesure, de manière globale, l’impact du fonctionnement et du business modèle de l’entreprise sur ses employés, sa communauté, sur l’environnement et sur ses clients.
Cette question de l’impact se pose à différentes étapes, depuis la chaîne d’approvisionnement et les matériaux utilisés pour la production, jusqu’à la rémunération des employées et les actions sociales par exemple.
Cette évaluation d’impact se fonde sur des principes de transparence et de responsabilité. Sur le site internet B Corporation, chacun peut ainsi accéder à un récapitulatif de l’évaluation d’impact d’une entreprise, comme ici pour Nature et Découvertes.
Comment s’obtient la “certification B” ?
Ce label s’obtient en mesurant le degré du “for good” créé et respecté par l’entreprise, auprès de ses collaborateurs, de ses clients et de l’environnement. La transparence des résultats est également une condition nécessaire à l’obtention du label.
Rencontres avec 2 entreprises “certifiées B” : Colectando Sol et Pura
Nous avons rencontré début février Leandro, le fondateur de Colectando Sol. Cette petite entreprise développe non seulement de nouvelles technologies solaires, les implémente, mais partage aussi ses connaissances auprès des personnes intéressées ; c’est ce que Leandro appelle le “triple impact”.
Aujourd’hui Colectando Sol agit essentiellement à Buenos Aires et dans quelques autres régions d’Argentine, et a pour objectif de s’exporter dans les pays limitrophes.
La deuxième entreprise certifiée B que nous avons découvert s’appelle Pura. Fondée par deux frères surfeurs amoureux de la mer, cette startup à l’allure de grande entreprise associe respect de l’environnement et bien-être personnel en se focalisant sur une ressource précieuse : l’eau.
Pura développe des gourdes “éco”, ainsi - et surtout - que des solutions de purification d’eau, pour eau potable et non potable, notamment pour les zones où la seule eau présente est salée. Entre 2 weekends surf à Mar del Plata, Leandro et Lucas ont réussi à dominer le marché argentin et exportent leurs produits dans le monde entier. Petit bémol, les produits sont fabriqués en Chine ; côté fabrication locale, ça tombe à l’eau…
Les vidéos des interviews seront bientôt disponibles sur notre chaîne youtube !
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